mercredi 20 juin 2012

Au-pair en Allemagne 1

manger ou ne pas manger, là est la question!

Pendant 70 jours j’ai mangé et essayé tous les plats, légumes ou fruits occidentaux que j’ai découvert. Dès mon arrivée en Allemagne il y a trois mois bientôt j’ai été très enthousiaste. Je découvrais des mets pour la première fois de mon presque quart de siècle, je mangeais de tout ce qu’on me présentait ou plutôt j’essayais.
C’est comme ça que j’ai découvert des choses que je ne compte pas manger à nouveau, en tout cas pas de si tôt. Des asperges vertes, cultivées en Allemagne, mais qui sont très récentes comme culture et que des allemands ne connaissent pas encore, le steak saignant, l’œuf cuit avec le jaune encore liquide, et d’autres choses encore. Et puis, il y a ces pâtisseries typiquement allemandes ou pas, que l’on goûte et auxquelles le palais s’attache profondément, tartes au fromage, tartes au yaourt ou à la crème, tiramisu, pudding, gâteau marbré, gâteau au chocolat à la crème au vin, fondant au chocolat, brownies, piqûres d’abeilles ou Bienenstich, gâteau choco, et croquants au chocolat et aux amandes. J’habite en face d’une boulangerie-pâtisserie, j’ai juste à traverser la route pour sentir et goûter les délices sucrées du petit bourg allemand où j’habite. Les viennoiseries par contre je m’y connais moins, pas que je n’ai pas goûté les pains aux grains, les biscottes avec des morceaux de chocolat ;  les petits pains avec ou sans grains, les pains au yaourt ou aux amandes, juste que mon goût préfère les moelleux et le chocolat, et ces deux caractéristiques sont pour mon plus grand bonheur présents dans les pâtisseries. Ce qui fascine en tout cas, c’est la diversité des pains et comment les allemands ont chacun des préférences pour un grain ou un autre. 

Le deuxième mois de mon séjour, un vendredi ou un samedi, j’ai fait un kedjenou au poulet. Un plat typique de la Côte d’Ivoire qui consiste à cuire des légumes ensemble avec du poisson ou de la viande, en prenant soin de ne pas mélanger le tout avec une louche, mais de secouer de temps à autre la casserole pendant la cuisson pour éviter que la sauce ne colle et permettre aussi une bonne répartition des ingrédients. Je n’étais pas encore fatiguée de la nourriture européenne, seulement j’étais seule à la maison, alors j’ai voulu me faire plaisir.  J’ai dégusté sur deux jours jusqu’à la dernière goutte de ce plat avec du riz américain long grain.
Je parle de nourriture occidentale ou européenne, parce que ma mère d’accueil vient de la France, alors même si on vit en Allemagne dans un environnement très allemand, on ne mange pas forcément allemand tous les jours. Ce qui est certain, c’est que les plats typiquement allemands que j’ai mangé à ce jour ont été un régal pour mes papilles. Parlons par exemple de ce Hackenfleisch avec des pommes de terre cuites à l’eau assaisonnées de sauce beurre- persil (ou romarin), ou encore ces asperges blanches avec du beurre fondu dégustées avec du jambon. Les knödel par contre que j’ai mangés lors de mon séjour à Francfort ne m’ont pas fait une forte impression, mais le poulet rôti servi avec, lui avait un goût de bonheur que les allemands savent bien donner à la viande. 

Pour donner un certain intérêt à mon rapport il faut que je décrive ce qui me pousse à écrire sur ce que je mange. Depuis trois jours, exactement depuis le 71ème jour de mon séjour allemand, j’ai perdu l’appétit, il y a à manger, comme d’habitude du jambon, du pain, du beurre, de la crème fraîche, du yaourt, des pommes, des poires, des fraises, des produits congelés comme les bâtonnets de poisson et les fricadelles avec de la pomme de terre. Le problème, c’est que rien de tout ça ne m’intéresse, même les gâteaux qui me font rêver d’habitude me dégoûtent. Peut être parce que j’en ai trop mangé, mais surtout parce que les repas ivoiriens me manquent et ce manque me coupe l’appétit d’autre chose.
Toutefois j’ai pensé que j’avais des vers dans le ventre, qui me piquent ma bouffe, mais je doute fort que ce soit des vers, puisque j’ai pris un déparasitant quelques semaines après mon arrivée en Allemagne, et puis ici tout est très propre et sain. Mais c’est une piste que je prends au sérieux, alors je viens d’avaler un comprimé de déparasitant. Ce 74ème matin j’ai pris le petit déjeuner très tard, plus parce que j’avais faim, moins parce que  j’en avais envie, le déjeuner je l’ai sauté, mais vers 16 heures parce que je tremblais de faim, j’ai mangé une tarte au fromage, je reconnais le goût y était, mais ce dessert m’a presque donné envie de rendre tout ce que j’avais dans le ventre. J’ai oublié d’énoncer que j’ai été malade pendant 8 jours et que je prends encore des médicaments, j’espère que c’est la somme de la maladie, des médicaments et de mon envie de voir mon pays qui crée ce malaise et cette perte d’appétit. Je suis patiente. 

Après le kedjenou, un autre évènement culinaire est venu embellir mon quotidien gastronomique européen, j’ai cuisiné une sauce pistache l’après-midi de ma 73ème journée allemande. Mme Titiro, une femme distinguée et de qualité m’a envoyé par mon amie Germaine de Francfort (ça sonne bien Germaine de Francfort) de la pistache écrasée de la Côte d’Ivoire. En quelques minutes toute la cuisine sentait la belle et bruyante Côte d’Ivoire, et surtout Dabou, ma ville natale. Avec de la pistache ivoirienne, des ingrédients et de la viande allemande, j’ai obtenue une ambiance culinaire qui n’a pas fait du bien qu’à moi seule, parce que j’ai partagé mon repas avec mon père d’accueil, il a trouvé le goût de la sauce des plus délicieux et l’a accompagné de riz basmati.  Ma mère d’accueil, bien que difficile sur le plan gastronomique, a aussi apprécié ce goût qu’elle a qualifié de particulier et de très bon. De quoi être fière, cuisiner ivoirien sera souvent à l’ordre du jour à partir d’aujourd’hui.  Je ne dois surtout pas oublier de mentionner l’attiéké à l’omelette que j’ai mangé un soir de samedi chez Sysy, la princesse. Je lui suis reconnaissante, parce que ce jour là, pour la toute première fois ici en Allemagne, mon plat était assaisonné de piment. Et celui qui connaît cet épice sait comment le piment relève le goût des plats et leur donne beaucoup de la puissance et de l’exotisme, surtout quand il est ajouté avec mesure. 


Voici un rapport pêle-mêle, un peu brouillon, mais naturel, qui exprime comment les effluves des ‘‘cuisines’’ pourtant savoureuses d’Allemagne n’ont pas encore réussi à apaiser ma faim du bon attiéké et de l’alloco de mon quartier de Dabou. Je suis arrivée à la conclusion, mais je n’ai toujours pas la réponse à ma question, je mange ou je ne mange plus ?

samedi 11 février 2012

Micro-nouvelle n°2: Un rien qui déclenche un tout

J’ai su qu’elle aimait la chose comme je l’aimais ou même plus. Son regard, l’expression de son visage. Elle aimait lire, mais surtout écrire, ou plutôt elle aimait lire et écrire, c’est mieux dit. Ce sont ces rencontres qui rafraîchissent, qui renouvellent. Des petites causeries volées qui rappellent qui on est, d’où l’on vient, des paroles qui effacent les réalités…lointaines. Brusquement ces réalités ne sont plus nôtres, plus miennes, elles ne m’ont jamais appartenu. Enfin c’est comme ci elles n’avaient jamais appartenu à personne... Je cherche les manuscrits et les tapuscrits, je les relis et tout devient clair. Il faut écrire, écrire pour être libre, écrire pour libérer, écrire même quand on n’est pas lu ou quelque fois écrire pour l’être. Il faut poser les doigts sur le clavier et saisir, saisir les mots du cœur qui passant par la tête ressortent avec les richesses que l’on possède à l’intérieur et que l’on a envie de donner. Si elle lit comme j’ai écrit, elle comprend que cette micro-nouvelle a été écrite pour elle, pour lui dire merci. Écris, lis sans jamais t’arrêter. Fais le pour moi, pour nous, pour eux, mais surtout pour toi.

jeudi 15 septembre 2011

Article n°2 sur les écoles de langue à Accra: Ghana Telecom University College

Bonsoir,

Cela fait plusieurs semaines que je n'ai pas écrit sur le blog, peut être par manque d'inspiration ou de temps, peut être par paresse, je ne sais pas vraiment, mais voici le deuxième article sur les instituts de langue au Ghana.

GHANA TELECOM UNIVERSITY COLLEGE est une référence en matière d'enseignement supérieur et depuis quelques temps, l'université propose des cours d'anglais et de préparation  aux concours tels que TOEFL, SAT, DELF,  DALF, GMAT, GRE.

L'université est située à Tessano sur la voie principale, en allant à Abeka Jonction à Accra. Pour s'inscrire il faut payer un fiche d'inscription à 10GH ¢ (environ 3200FCFA) au Centre de Langue, GTUC, au Campus du quartier d'Abeka. S'acquiter ensuite des frais de cours:

3 Mois    = GH ¢ 420 (environ 134.400FCFA)    
6 Mois    = GH ¢ 550 (environ  176.000FCFA)
12 Mois  = GH ¢ 900 (environ 288.000FCFA)

Et enfin commencer les cours. Comme matières les étudiants font de la grammaire, des cours de compréhension orale, de prononciation et  de compréhension écrite.

L'université propose des facilités de logements, des campus sont à la disposition des étudiants. Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion de les visiter et de prendre les prix.
Si vous voulez plus d'informations contactez le coordinateur du Centre de langue, Ghana Telecom University College, E-mail: lcentre@gtuc.edu.gh

En espérant avoir donné des infos utiles, je souhaite une bonne nuit plein de beaux rêves. 
Sephora Titiro

samedi 30 juillet 2011

Article n° 2 sur les écoles de langue à Acrra: Accent Language Institute

Toutes les institutions dont nous parlerons dans les prochains articles sont situées à Accra, capitale du Ghana, dans l'ouest de l'Afrique.

Situé dans le quartier de East Legon, en utilisant la route qui va à Adjinganor, Accent Language est un institut de langue qui séduit par la propreté qui règne dans la cour , dans la salle de réception et par la chaleur de ses employés. On s'y sent chez soi, dès qu'on y met les pieds. On constate en visitant les différentes pièces que l'institut fait attention au bien-être de ses étudiants: toilettes extérieures et intérieures très propres, salles de classe présentables et bien équipées (télévision, lecteur DVD, air conditionné,...). 
Le programme n'est pas mal non plus, on y apprend comment lire et écrire correctement en anglais, comment parler en anglais pour bien se faire comprendre et comment écouter pour comprendre, et on apprend comment réagir efficacement dans une situation de communication donnée (dans un hôtel, lors d'un voyage...). Tout ce programme est divisée en matières: LOP, Reading Comprehension, Writing skills, Literature et Grammar. L'admission dans un niveau ou dans un autre se fait sur la base d'un test qui est proposé à l'étudiant, après les résultats on décide de l'envoyer en Beginner, Pre-intermediate, Intermediate ou Advanced (c'est le nom des niveaux oh, pardon pour celui qui comprend pas anglais). Une autre particularité du programme ce sont les profs, ils sont en général jeunes, qualifiés, accessibles, aux petits soins des étudiants (et puis séduisants aussi).

Ce qui est attrayant en outre c'est la qualité des livres, ce sont des livres édités à OXFORD, qui sont bien détaillés et qui permettent une progression rapide, le matériel didactique comme le dictionnaire et le disque d'apprentissage des verbes irréguliers est offert. Une salle internet est aussi à la disposition des étudiants, ils peuvent l'utiliser aussi pour écouter des CD de prononciation.

A côté de cela, la cuisine du restaurant est assez acceptable, on peut manger comme à la maison avec un menu varié. La nourriture est prête à temps en général.
Les dortoirs sont confortables, équipés de ventilateurs ou de climatiseurs au choix. Les douches sont pratiques et propres surtout. C'est la 3ème fois au moins que je parle de propreté, alors il faut que je précise que le ménage est assuré par quelqu'un de l'institut, comme à l'hôtel les étudiants n'ont qu'à dormir et se lever, Accent Language s'occupe de tout.

Passons à présent au prix, j'ai voulu comparer le rapport qualité- prix, mais bon je vous donne les coûts tout simplement:
- Inscription, cours et livres (2 mois)                    668GHcedis (environ 208.000FCFA)
- Hébergement/ chambre ventilée (1mois)             212GHcedis (environ 63.000FCFA)
- Repas (1 mois)                                                 320GHcedis (environ 90.000FCFA)
- Excursions, activités culturelles (3 mois)            120GHcedis (environ 38.000FCFA)

Ne jamais oublier de multiplier les tarifs que j'ai donné par le nombre de mois qu'on souhaite passer à Accent Language. 

Maintenant comme il n'y a rien qui est parfait sur cette terre, je vais vous dire ce qui éventuellement peut pousser quelqu'un à ne pas venir à Accent Language:
- Il y a des écoles qui proposent le même programme, qui ont des auberges mais qui sont moins chères.
- L'école n'a pas de Laboratoire de langues (ou studio)
- Si tu veux suivre leur programme, tu es obligé de faire jusqu'à 12 mois presque pour arriver au niveau Advanced et passer éventuellement des examens.
- Il y a des heures pour manger au restaurant et quand tu rates une heure, c'est toute une affaire pour réussir à se faire servir. 
- A part dans les salles de classe et avec les profs, les étudiants ne sont pas vraiment obligés de parler anglais, donc quelqu'un peut faire 1 mois à Accent Language et ne pas être capable de faire une phrase correcte dans une situation de communication naturelle (à la cuisine, dans les chambres...)
J'espère avoir fait le tour, formation, restauration, hébergement. RDV dans un autre article pour découvrir une nouvelle école.
Stay blessed.




Etudier l'anglais au Ghana

Il y a deux mois lorsque je tapai pour la premiere fois "étudier l'anglais au Ghana", ma surprise fut grande. Des milliers de personnes à travers le monde entier tapait la même recherche que moi. Paradoxalement les réponses étaient plus rares, la demande dépassait l'offre. J'ai eu quelques infos qui m'ont été d'une grande utilité, mais a la fin, j'ai du me rendre à Accra moi-même pour trouver véritablement une bonne école  avec le meilleur rapport qualite-prix.
J'ai perdu du temps, de l'energie et de l'argent en faisant les recherches dans cette gigantesque capitale Accra. Pour votre plus grande satisfaction, je publie une série d'articles sur les resultats de mes recherches qui serviront j'en suis sure à d'autres que moi. Les informations concernent essentiellement des instituts où on peut suivre des cours sur une durée de 1 à 12 mois selon le besoin. Mais à côté de ces instituts il y a aussi quelques universités qui proposent des cours d'anglais.
Merci de faire partie du voyage, c'est parti. 

vendredi 29 juillet 2011

Micronouvelle

Il y a quelques minutes, un article sur la micronouvelle et la nanolittérature a attiré mon attention sur un site que je visite tous les jours. Voici donc une micro-nouvelle de 100 mots environ que vous propose, j’attends les commentaires. Vous voulez en savoir  www.yehnidjidji.blogspot.com

La causerie
Je l’écoutais distraitement, parler de… je ne sais plus de quoi, ni de qui. Les seuls mots que je saisis : amour, petit ami, mari, pfff. Comme si je ne les avais jamais entendus auparavant. Mais il avait raison, peut-être est-ce la première fois que j’en entends parler. Est-ce que je connaissais réellement ces mots ou leur sens, je ne sais plus moi-même. Peut-être que j’ai su un jour ce que un amour ou un mari veut dire, c’est possible.  Ah, je l’écoutais, il a peut-être fini de me parler, au moins j’ai pu enregistrer le dernier mot : séparation.

Nouvelle: Tu n'es pas le père de mon enfant

Cher Salomon,
Depuis hier tu sais que je suis enceinte. Tu as dansé de joie, tu m’as couvert de baisers et surtout tu m’as fait l’amour comme à une reine. Dans ton entreprise tout le monde sait que je suis enceinte, je le sais parce que ta secrétaire m’a félicitée dans la journée quand j’ai appelé pour te parler. Mais pendant que tu ouvres cette lettre, tu te rends que compte mes affaires ne sont plus dans la chambre et que je suis partie. Alors tu vas te demander pourquoi ? C’est normal, tout allait si bien, dans 7 mois, on allait être les parents les plus heureux du monde avec ce bébé que tu appelles déjà mon trésor. Pourquoi je m’en vais donc, alors que ce matin, je t’ai dit au revoir avec un doux baiser, tu étais tellement heureux. J’ai décidé donc de t’écrire et de tout t’expliquer.  Je te quitte alors que tu n’as rien vu venir, parce que je suis une bonne élève, j’ai appris de toi, j’ai tout appris avec toi. Tu devrais être fier. Le jour où le docteur  Kpuikpui m’a dit que j’étais enceinte, j’étais tellement heureuse. Tu t’imagines bien que ces dix ans de vie commune durant lesquelles je n’ai pas pu te donner un enfant ou même une fausse couche, ont été dures pour moi, alors quand il m’a dit que j’étais enceinte, je me suis presqu’évanouie dans son cabinet.
J’ai toujours pensé que j’étais stérile, je me disais que c’était prévisible. Comme tu le sais j’ai fait deux avortements et j’ai été opérée deux fois à cause de myomes dans l’utérus, j’étais donc sûre que j’étais stérile. Comme je voulais savoir vraiment pourquoi je ne te faisais pas d’enfants, nous sommes donc allés consulter le médecin, le Dr Kpuikpui, ah le Dr Kpuikpui, ton cher et tendre ami, ton médecin de famille, les examens ont révélé que je n’étais pas stérile et que toi non plus tu ne l’étais pas. Le médecin m’a encouragé à être patiente, mais j’étais convaincue que j’étais stérile, peut-être était-ce une malédiction, physiquement je n’avais aucun mal mais peut-être que depuis le ciel on me punissait parce que j’avais tué deux êtres humains. Je pleurais les deux enfants que je n’ai jamais eus tous les jours, je les imaginais en train de me juger et me punir parce que je les avais pas aimés et gardés. Mais tout ça tu le sais puisque tu étais là, tu étais là durant ces nuits blanches. Tu as été un bon mari pour moi, je l’avoue. Tu avais les mots et les actes pour calmer mes craintes et mes peurs.

J’aurais dû deviner que quelque chose ne tournait pas rond le jour où je t’ai annoncé que j’étais enceinte de deux mois, j’aurais dû. Tu avais attendu cette grossesse toute ta vie et tu ne t’ais même pas mis un tout petit peu en colère quand je t’ai annoncé la nouvelle au deuxième mois de grossesse. Avant la joie, tu aurais pu être un peu fâché, un peu triste, je ne sais pas, j’étais sûre que tu aurais aimé aller avec moi faire le test de grossesse. Mais non, tu as juste dansé de joie et on a fait tout ce qu’un couple heureux peut faire ensemble.

Un autre fait bizarre, c’est que depuis que je me suis marié avec toi, je me sens belle chaque jour, même quand je ne m’apprête pas de façon particulière. Je veux dire plutôt que les hommes me trouvaient belle, je ne sais pourquoi. J’ai eu des dragueurs tout au long de nos dix années de mariage et des dragueurs assidus surtout. Je t’en parlais toujours, tu trouvais cela drôle, et rien de plus. Une fois tu es quand même allé jusqu’à me demander si ça m’intéresserait de coucher avec l’un d’entre eux, parce que selon toi, j’avais une façon particulière de le regarder. Bizarre. Il y a eu des grands, des courts, des noirs, des jeunes, des moins jeunes et enfin il y a eu ton frère, Pierre-Elie.
Tout a commencé le 24 Décembre dernier quand tu t’es mis en colère pour une affaire de cuisse de poulet et que tu es allé dormir à l’hôtel. Affaire de cuisse de poulet, vraiment ça n’avait pas de sens, mais tu m’as quand même laissé seule toute la nuit. Et ce scenario a duré toute une année, tu étais absent, désagréable, ah, si tu savais comme je me suis sentie coupable durant tout ce temps. En ce temps-là si Satan m’avait demandé mon âme en échange d’un enfant, je crois que je la lui aurais donnée. Je pensais que tu me trompais, après j’ai su que tu ne pouvais pas me tromper et que tu ne l’avais jamais fait, certainement tu t’éloignais parce que j’étais une femme au ventre sec, une femme porte-malheur. A partir de janvier ton frère a commencé à venir régulièrement à la maison, trop régulièrement même. Il était si attentionné, j’avais l’impression de te retrouver, mais lui il était plus fou et plus drôle. Je me suis beaucoup amusée en sa compagnie. Mais je me demandais comment il faisait pour avoir autant de temps à me consacrer et comment toi tu faisais pour être aussi occupé, puisque vous faîtes le même travail, vous avez les mêmes responsabilités et en temps normal, le même nombre d’heures de travail. Mais lui il était là, toujours là, surtout quand tu n’étais pas là. Et puis il a commencé à me faire des avances, en réalité il était doux, il me faisait sentir que je lui plaisais sans jamais me faire la cour ouvertement. Finalement ses efforts ont payé, on a couché ensemble, exactement le 17 juillet dernier. C’est arrivé, alors que tu étais en mission à Oslo, je me sentais tellement seule sans toi et comme s’il le savait, il m’a proposé ses services. Je ne sais plus si j’ai accepté, mais à la fin j’étais dans notre lit avec lui. Je me suis sentie si malheureuse après cet évènement et j’avais juré de te l’avouer à ton retour d’Oslo. J’étais prête à subir tous les  châtiments de la terre, après tout je le méritais. Et tu es arrivé ce 19 Juillet avec une humeur et un sourire qui m’a fait perdre toute envie de te raconter mon adultère.  Alors je me suis tue, je te retrouvais encore plus amoureux. Au fait le bijou que tu m’as rapporté est magnifique, mes copines étaient jalouses à en mourir à la vue de ces diamants splendides, mais je ne peux pas le garder, tu le trouveras sur ton bureau.  Je me suis donc tue et la vie a continué jusqu’à ce que je ressente des malaises et que j’aille me faire consulter. Dès que le médecin m’a dit que j’étais enceinte, j’ai couru à ton bureau, tu étais en réunion, alors je suis allée me cacher dans la salle d’eau, la secrétaire n’avait pas le droit de te dire que j’étais là. «C’est une surprise » je lui ai dit. Et c’est dans ton bureau, cachée dans la salle d’eau que j’ai appris que tu n’étais pas le père de mon enfant. Pour la deuxième fois de la journée, j’ai failli m’évanouir. Quand tu arrivais dans ton bureau, je t’entendais remercier ton frère pour ce qu’il avait fait pour toi, mais tu étais inquiet, par ce que je ne te parlais pas de malaise ou de grossesse depuis ton retour. Tu avais peur qu’il faille tout recommencer. Pour toi j’étais une bonne femme, une très bonne femme même, mais une femme trop difficile, aucun des hommes avec qui tu avais réussi à me mettre en contact ne m’intéressait. Tu avais tout essayé, mais rien. J’étais désespérément fidèle, comme si c’est ce que tu me demandais, toi tu voulais me donner un gosse et c’est tout. Je ne comprenais plus rien. Pendant dix ans tu avais placé tous ces hommes sur ma route pour que je couche avec l’un d’entre eux et que je tombe enceinte ? Même ton frère était un de tes pions. Avant de tirer des conclusions bizarres, il fallait que je sache. J’ai donc attendu que vous partiez, j’ai failli pousser des racines dans cette salle d’eau, tu sais, 4 heures avant que tu ne te décide à sortir de ton bureau. Je me suis dirigée directement chez notre cher et tendre médecin, je t’avais dit que je lui plaisais bien. Ça n’a donc pas été difficile d’avoir de vrais informations, un visage de chien battu, quelques menaces, un sourire triste, et il m’a tout raconté. Lui, il t’avait donné tous les conseils nécessaires, il t’avait encouragé à me dire la vérité, pour lui j’étais une femme compréhensive, je t’aimais et je pouvais te comprendre. Tu n’as jamais rien voulu savoir. En réalité depuis toujours tu sais que tu es stérile, le premier bilan de santé que ta mère t’as fait faire, lorsque tu avais 13 ans l’a montré. Tu n’allais jamais faire d’enfant. Tu as passé toute ta vie à mentir à celles que tu as rencontrées. A certaines tu as dit que tu n’étais pas prêt pour avoir un enfant, à d’autres que tu n’étais pas assez amoureux pour fonder une famille avec elles, autant de mensonges que tu as développés pour cacher ta stérilité et je suis apparue dans ta vie. Tu m’as aimé tout de suite, c’est Dr KPIKPI qui le dit, et tu ne voulais pas me perdre. Comme tu n’arrivais pas à m’enlever cette histoire d’enfant de la tête, tu t’es imaginé que si tu réussissais à me mettre dans le lit de quelqu’un d’autre, je tomberais enceinte, et on aurait un enfant. Personne ne se douterait de rien, pas même le vrai père de l’enfant. Alors depuis le début tu savais que tu ne serais jamais le père de mon enfant.  Et tu m’as menti pendant dix ans. Finalement je me pose ou plutôt je te pose la question : Qu’est ce qui était vrai dans notre relation ? M’as-tu aimé un jour ? Pourquoi autant de mesquineries pour un enfant ? De toutes les façons tu n’auras pas l’occasion de me répondre, ça c’est sûr. Au moment où tu lis cette lettre, je suis déjà quelque part à des milliers de kilomètres de toi. S’il te plaît, laisse- moi faire une pause, accepte que je te quitte sans faire d’histoires et de scandales, si Dieu le veut, on se verra un jour. Pour l’enfant, ne t’inquiète pas, je saurai m’en occuper.
Je t’ai aimé.

Ta femme adorée, Prunelle.